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01/10/2014

Cradle of Fear

 

Cradle of Fear ( DVD / U.S.A - U.K / 2000 ).

 

Résumé figurant au dos du DVD : 

 

« Quand tombent les ténèbres… Satan est son seul maître ».

Kemper n’a d’humain que l’apparence. Tueur en série et adorateur de Satan, il frappe qui il veut quand il veut… même depuis le fond de sa cellule. Passé maître dans l’art d’agir à distance avec la complicité de son fils, il choisit soigneusement des proies qu’il prend à leur propre piège. Deux voleuses, un accro de mort en direct, un infirme prêt à tout pour marcher sur ses deux jambes… Les dés des maléfices de kemper sont jetés et personne ne semble en mesure d’arrêter le massacre !

- Extrême, monstrueux, CRADLE OF FEAR va très loin dans l’horreur. Fort d’effets spéciaux gores du studio Creature FX ( Hellraiser, La chute du faucon noir, etc… ), animé par l’une des plus grandes stars du rock britannique, Dani FILTH, et la torrrrride Eileen DALY ( Razorblade ), c’est un film à ne pas mettre devant tous les yeux.

« Quand Clive Barker rencontre Marilyn Manson », a titré Mad Movies.

 

Un film signé Alex CHANDON, avec Dani Filth, Stuart Loing, Eileen Daly, Louis Brownsell… 

Version française / Couleurs - 120 mns / Dolby Digital 5.1 - Format 4/3…

Bandes annonces / Galerie de photos / Making of…

DVD neuf encore sous cellophane : 12,50 €uros.

 

Attention : dernier exemplaire disponible !

 

 

Le deuxième long métrage d’Alex Chandon est de ces ratages glorieux dont on ignore un peu trop cruellement les charmes. La faute, sans doute, à une arrogance de mauvais aloi de la part du réalisateur (qui ne sera pourtant pas le premier à en faire preuve…) mais aussi à son ambition affichée de tourner l’un des films les plus gores de ces dernières années. Rien de tel pour se faire dégommer au premier tournant par de « très-intègres » cinéphiles, soucieux de prouver qu’ils n’en sont pas à leur première tâche de sang – intellectuelle, bien sûr…

De fait, « Cradle of Fear » souffre bel et bien de défauts rédhibitoires, qui l’empêcheront probablement de rejoindre les classiques du genre. Mais il serait dommage pour autant de négliger ses qualités, qui sont réelles, tout comme de le charger d’inepties honteuses, qui ne sont pas ce qu’on en a dit. 

En grand admirateur des productions anglaises Amicus, qui firent en leur temps concurrence à la Hammer, Alex Chandon reprend la structure des fameux « Tales from the Crypt » (1972) et surtout de « Asylum » (1972 itou), un nom qu’il donne d’ailleurs à l’asile d’aliénés (« Amicus Asylum ») où est enfermé le psychopathe sataniste Kemper. Quatre histoires différentes vont en effet se suivre comme de longs flashes-back dans l’enquête du détective Neilson, l’amenant progressivement à découvrir la vérité sur l’identité du tueur qui a sévit dans chacun des cas, jusqu’au dénouement final. 

Malheureusement pour nous, Chandon est loin de maîtriser un canevas aussi complexe. Pris entre une volonté maladroite d’être résolument moderne (la première histoire dégage une esthétique clipeuse incertaine et malvenue) et le désir de rendre hommage aux grands classiques (les deuxièmes et troisièmes histoires sont parfaites à cet égard), il offre un scénario et une mise en scène qui hésitent trop souvent à choisir la suggestion ou la lourdeur explicative, le plein cadre trash ou l’ellipse. Un méli-mélo qui se reflète exactement dans l’esprit du détective Neilson, dont on se demande parfois comment il passe d’une déduction à l’autre (un coup ça paraît trop simple, un autre… trop compliqué !). 

A quelques brillantes exceptions près, le casting n’arrange pas vraiment les choses. Réunir Dani Filth, Eileen Daly et Emily Bouffante dans un même film, c’est un peu comme une tentative de suicide cinématographique… Le fait est que le projet de départ était un opéra-rock avec le célèbre groupe de black/death metal, et que les moyens de Chandon ne lui permettaient pas de recourir à des acteurs autres que des amis et des amis d’amis… Heureusement pour Dani Filth, des grognements d’outre-tombe sont rajoutés sur la bande-son. Autrement, son joli minois mono-expressif ne nous convaincrait jamais qu’il est l’envoyé de Satan… Quant à Eileen Daly et Emily Bouffante, grâce soit rendue à la nature de les avoir pourvues de si jolies poitrines! Pour le reste, leur jeu d’actrice est tellement mauvais (et dire qu’Eileen Daly est la présentatrice officielle des films distribués par Revelation !) que j’avoue avoir poussé le vice jusqu’à regarder plusieurs fois d’affilée leur prestation, fasciné par tant de ridicule… C’est quasiment de l’anthologie ! 

Oui, mais, il y a aussi Mellisa Forte, Stuart Laing et Willie Evans. Comme par hasard, les histoires les plus réussies (deuxième et quatrième, j’insiste !) de Cradle of Fear sont aussi celles où les acteurs et actrices sont les meilleur(e)s. Alex Chandon semble d’ailleurs avoir été en phase avec cette amélioration. La caméra devient efficace, le montage et le contenu sobres, dégageant une tension réelle et proposant de très belles images. Les deux voleuses aux prises avec l’avare récalcitrant, ou bien dans une baignoire rougie de sang, le règlement de compte, voilà des séquences extraordinairement réussies, croustillantes et inoubliables, qui renouent exactement avec l’univers des « Tales from the Crypt » - version gore. De même, la descente de Stuart Laing dans l’enfer d’une addiction perverse, celle qu’il éprouve pour un site Internet assez spécial, est surprenante et diablement bien trouvée. 

Gore, « Cradle of Filth » l’est abondamment, mais pas inutilement. Les orgies sanglantes viennent toujours à point nommé, illustrant un propos (par exemple, la première effusion est gratuite, mais justement : le Diable n’est pas commerçant, il signe des pactes, pas des contrats…) doté de sens. Quoique annoncé par Chandon lui-même comme ultra-gore, la volonté de raconter des histoires reste la plus forte, et commande le reste. Mais quand ça gicle, ça gicle ! C’est sans retenue, c’est crade, et ce n’est pas aussi « cheap » qu’on a bien voulu le dire. Les effets spéciaux sont réalisés par « Fx Creature », les mêmes techniciens que sur Hellraiser, et sont grosso-modo au même niveau que ce dernier, ce qui n’est pas rien. La machette finale est, certes, manifestement fausse, mais on n’y prête guère attention si on suit l’histoire.

Autre point favorable, l’ambiance dégagée par le film est une réussite, qui permettra aisément aux amateurs de suivre les deux heures du film, et même d’en redemander ! Autant le satanisme superficiel de Dani Filth prête à sourire, autant Cradle of Fear diffuse une atmosphère sombre, sale, étrange et nauséeuse. Une chose qui apparaît dès le moment où le détective Neilson prend le pouls de la jeune fille éventrée, suggérant un univers hors norme qu’il expliquera par la suite de manière aussi précise qu’horrible (pour ceux qui n’auraient pas compris, il suffit d’écouter les dialogues de temps en temps, et ça vient tout seul…). Le reste est à l’avenant, décalé, pervers et malade. Chandon a eu la bonne idée de convoquer une musique techno-jungle au lieu de souligner lourdement son sujet par du métal, comme on aurait pu s’y attendre… La froideur générale n’en est que plus accentuée. 

Car enfin le Diable est froid. Aucune flamme de l’enfer ne vient incendier ce « berceau de peur », au contraire. Extérieurs délavés, ténèbres, bleu glacé règnent en maîtres. De même, il peut paraître étonnamment juste et significatif que, si le maître des ténèbres intervient de la plus sanglante des façons, ce n’est jamais pour revendre de l’immoralité, bien au contraire… Luxure torride et appétits divers ne sont pas suggérés par le démon, mais l’attirent. Et que sont donc ces quatre histoires successives, sinon des contes éminemment moraux, où tour à tour la débauche, la convoitise, l’égoïsme et la perversion sont punis ? Le Diable, puritain et sournoisement jaloux des péchés humains ? Il faut croire... 

4/6 - Stéphane JOLIVET ( http://www.horreur.com/fiche_film.php?idfilm=276 )

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